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7 juillet 2009

Jardiniers du dimanche ou personnel mal formé... Danger !

par André Momerency (Article paru initialement dans "Verts Infos 89" n°95 de janvier-février 2009)
                   

Au travers des pratiques des jardiniers « du dimanche » ou des personnels communaux mal informés, l’utilisation des produits phytosanitaires empoisonne l’environnement.

Aujourd’hui, en ville et sur les espaces extra-urbains, il devient urgent de passer au « 0 phyto ». Les communes n’ont aucun devoir de production agricole. Et pourtant, les consommations urbaines rapportées à l’hectare dépassent allègrement celles utilisées en agriculture.

D’autant que les surfaces traitées sont très souvent imperméables (bitume, dallages…). Il en résulte que les matières actives des produits sont lessivés à la moindre pluie et finissent à la rivière via le réseau de collecte. Il faut savoir qu’entre 60 et 80% de ce que l’on épand en agglomération ne sert à rien sinon à empoisonner les milieux aquatiques et les eaux de captage !

On retrouve encore aujourd’hui dans les nappes phréatiques, des produits qui sont interdits depuis plus de 15 ans, des molécules dangereuses jadis autorisées et qui ont passé tous les stades de l’agréation.

Les matières actives sont des poisons, même diluées à 100 000 fois, elles sont mortelles pour les cellules des embryons ! (cf.résultat d’une étude sur le Round up® menée par l’université de Caen par le chercheur Gilles-Eric Séralini). La matière active de cette bombe à retardement est le glyphosate. Mais le mélange de différents constituants adjuvants du Roundup® amplifie l’action du principe actif de l’herbicide. Un de ses produits de transformation (l’AMPA*) peut être encore plus toxique. Cela est grandement sous-estimé par la réglementation actuelle qui ne tient pas compte de ces phénomènes et continue de fixer des Limites Maximales de Résidus (LMR) pour le glyphosate et ce, quelle que soit sa formulation de vente !

Les chiffres sont éloquents. Selon les études (non publiées publiquement) effectuées par le groupe Monsanto lui-même, un niveau de dégradation biologique, de 2 % seulement, peut être obtenu après vingt-huit jours. De fait, des prélèvements effectués en 1998 dans les eaux bretonnes ont révélé que 95 % des échantillons présentaient un taux de glyphosate supérieur au seuil légal de 0,1 microgramme/litre, avec des pointes à 3,4 microgramme/litre dans la Seiche, un affluent de la Vilaine. Ce qui est plus alarmant, c’est que la consommation de l’herbicide a été multipliée par deux entre 1997 et 2002.

Vous vous souvenez sûrement de la publicité sur le Round up® avec Rex le chien et le slogan "Round-up ne pollue pas l’os de Rex". Et bien un ancien dirigeant de Monsanto France et un responsable de la distribution du produit ont été condamnés pour publicité mensongère par la cour d’appel de Lyon qui a réclamé 15 000 euros d’amende pour chacun et la publication du jugement dans le quotidien Le Monde ainsi que dans une revue de jardinage. Ce sont les associations Eaux et Rivières de Bretagne, et Consommation, logement et cadre de vie, qui avaient sonné l’alarme.

Au nom de quoi avons-nous le droit de fermer les yeux sur de telles pratiques ?

Non seulement nous détruisons notre environnement, mais l’utilisation des désherbants en particulier est très dangereux pour l’applicateur et les citoyens.

Combien utilisent toutes les précautions adéquates pour mettre en œuvre les produits, les préparer, les transporter, les stocker, les épandre, les recycler… ?

La plupart des communes stocke ces produits dans des locaux inadaptés, quelques fois même directement dans les vestiaires des agents communaux. Pourtant une législation très stricte encadre toutes les étapes de manipulation des produits, allant de leur achat à leur élimination. Seulement trop peu de personnes en ont connaissance.

Les époques et les protocoles d’application ne sont que très rarement respectés, il en va pourtant de l’efficacité du produit. Il ne sert à rien de pulvériser une adventice par des températures trop froides ou trop chaudes. Il faut absolument respecter la fourchette de température entre 5°C et 25 °C. En dehors de ces écarts, la plante n’est pas réceptive et le produit appliqué ne permet pas d’obtenir le résultat recherché. Un vent supérieur à 5 km/h, une hygrométrie insuffisante, un vent de secteur Est, des buses inadaptées…sont autant de causes qui altèrent l’efficience des produits.

Quelque soit la matière active employée, elle pénètre dans le corps humain par différentes voies : les orifices respiratoires, la muqueuse des yeux, les pores de la peau…Une partie est éliminée par le foie et d’autres organes, le reste est piégé dans les tissus adipeux.

Une tenue spéciale doit être portée et la procédure d’habillage, de déshabillage et enfin de destruction doit être respectée à la lettre. J’ai vu beaucoup de personnes qui utilisent ces tenues (et elles sont rares…) les porter toutes la saison de désherbage. Il en est de même pour les masques de protection qui ne sont pas adaptés et qui trainent sur le tableau de bord du véhicule de service etc.

Combien de personnes pulvérisent encore en pantalon court et maillot sans manche ? J’ai constaté sur ma commune un agent traitant en tenue légère et de surcroit une zone de non traitement (ZNT). Il faut le savoir, sur certaines zones, les épandages sont interdits. Une distance de 5 mètres doit être respectée le long des cours d’eau.

Que l’on se rassure, certaines entreprises agrées ne font pas mieux. J’ai assisté à un traitement sur la ville d’Auxerre consternant : pas de protection individuelle adéquate, pas de signalisation des zones de traitement aux citoyens. Plus aberrant : l’opérateur qui laisse couler la buse en continu sur des dizaines de mètres d’asphalte (zone imperméable) et qui finit par changer de trottoir dans le but de traiter des surfaces dépourvues de toutes mauvaises herbes !

En plus de la facture salée que nous faisons payer à notre environnement, et que nos petits enfants n’ont pas fini de rembourser, c’est un poste qui coûte cher aux communes.

Et pourtant le glyphosate est employé dans toutes les communes de France quelque fois dans des proportions à faire frémir.

En effet, lors d’organisations de stages de formation, je me suis rendu compte que certaines communes épandaient jusqu’à quarante fois la dose nécessaire pour le désherbage des trottoirs. Faites les comptes !

Il est urgent de sortir de ce lobbying, car un seul en profite, c’est le géant Monsanto, qui réalise la moitié de son bénéfice sur la vente des désherbants, qu’on se le dise.

N’oublions pas qu’il existe les méthodes alternatives et la binette. Et que la biodiversité dont on parle tant dans les médias a sa place en ville : laissons la s’exprimer.

*acide aminométhylphosphonique

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